Cher.e.s ami.e.s,
Nous vivons désormais dans l’incertitude permanente. Sans vouloir porter de jugement sur la situation sanitaire actuelle et sur la manière dont cette dernière est gérée par nos gouvernements, ce que nous ressentons en ce moment, est bien l’incertitude en l’avenir. Notre perspective, régie par chaque nouvelle intervention de nos dirigeants, se compte désormais en semaines. L’on tend alors à reporter les choses, à après le vaccin, après l’été, et désormais après 2021… Heureusement, nous avons la chance, nous Galline, d’être entourées de citadins qui - ce doit être dans leur caractère - ne savent pas « rester en place. » Dans cette situation de crise qui fragilise sérieusement le tissu social et touche surtout les plus faibles, divers groupes de nos consommateurs continuent de mettre en place des actions de soutien concrètes : comme le groupe « Pulpe Fiction » à Marseille, qui, en collaboration avec l’association « Parole Vive » a fait don de « cagettes suspendues » à des personnes en situation de grande précarité ou le « réseau des GAS de Bergamo », qui a organisé, aux côtés de plusieurs autres associations de la ville, une initiative du même genre à travers « l’arancia SOSpesa » (orange SOSpendu ») qui s’est tenue sur un marché de la ville et dans d’autres lieux le week-end dernier. En effet, dans cette zone de l’Italie où la crise du Covid a eu des conséquences dramatiques, ces derniers continuent donc de se mobiliser quand même, et tant d’autres groupes, trop nombreux pour être tous cités ici, continuent d’oeuvrer dans l’ombre. Nous avons toujours aimé l’idée de construire des relations fortes et durables et vous avouons que nous souhaiterions, depuis environ un an, entamer un parcours de développement - que nous avons dû sans cesse repousser à cause des aléas de la crise sanitaire - avec vous. Entre les régions aux couleurs changeantes, les nouvelles restrictions, demain peut-être oui, mais après-demain certainement pas… nous en avons encore pour un bon moment. Nous sommes convaincus qu’il faut prendre tout de même une direction claire, quitte à devoir ajuster le tir plus tard. De cette manière, nous aurons un objectif précis à atteindre, qui, dès lors qu’il sera collectif, pourra être enrichi, modifié, amélioré par chacune et chacun d’entre nous. Le Consortium s’est élargi, sans pour autant parvenir à répondre aux besoins individuels des fermes, bien trop différentes les unes des autres pour être pensées comme une entité unique; bien que cette vision d’un Consortium « débordant de biodiversité » soit le rêve de tous ses membres et de ses salariés. Aujourd’hui, nous souhaitons que nos fermes travaillent toutes ensemble et en synergie, telle une grande famille, identifiant les besoins de chacune, pour le bien de tous. Le mécanisme des « co-productions », que nous sommes parvenus à perfectionner au fil des années, est un outil qui nous plaît, tant il donne la possibilité aux producteurs d’obtenir des ressources dont ils ne pourraient bénéficier autrement, de la garantie d’un prix de vente fixé en amont. Et, chose plus importante encore, ce système permet de construire un lien fort et constant entre ceux qui attendent que les cultures commencent à donner leurs premiers fruits et ceux qui s’engagent à en prendre soin. Nous voudrions donc que cette formule devienne le point de départ du développement (et non de la croissance) du Consortium dans les prochaines années.
Un groupe de travail, composé de diverses fermes membres des Galline, a élaboré un document intitulé « soutien au développement des fermes » que nous souhaiterions partager avec vous. Le document est encore en cours de traduction en français mais vous pouvez d'ores et déjà consulter ci-dessous la version en italien. Cet outil est né de la volonté d’améliorer la condition des fermes individuelles, en proposant une vision plus large, et à investir là où il est plus urgent et nécessaire de le faire, en pensant le Consortium comme un "corps humain", au sein duquel il ne peut y avoir un organe en bonne santé et le reste dysfonctionnel. Mais les possibilités économiques du Consortium sont réduites et quant à celles d’une ferme en fin d’année, elles sont proches de zéro. Néanmoins, ce que nous avons appris avec les années, est que notre communauté - soit comme la somme de toutes nos fermes soit de tous les groupes de consommateurs - a la force de pouvoir construire des relations durables, desquelles peuvent naître des projets d’intérêt commun. Ainsi, des montants plus que prohibitifs pour une ferme seule - et qui la conduiraient d’ailleurs à abandonner son activité ou à vendre - peuvent se traduire en centaines de petits investissements de la part de nous toutes et tous et c’est là une de nos plus grandes forces.
Alors, comment voulons-nous imaginer le futur ? Quelle direction voulons-nous prendre ? Nous, Galline, aimerions emprunter certaines directions, mais « Nous » étant un collectif grand et varié, il conviendrait que certaines décisions soient prises ensemble, discutées ensemble. Parce que même si c’est vrai qu’un arbre a besoin de plusieurs années pour produire des fruits, c’est également vrai qu’il donnera des fruits durant beaucoup, beaucoup d’années, s’il se trouve dans en environnement sain et en synergie avec ce dernier. Et cela nous plairait beaucoup de continuer à penser notre communauté comme une forêt.
Merci à vous toutes et tous, Nous vous embrassons, Mico et les Galline Felici ------------------------------- |